Les autorités régionales et locales n’attendront plus les directives ou les ordres d’en haut pour agir et prendre les mesures que nécessitent le développement de leurs régions et l’exécution des projets publics et privés.
Les gouverneurs sont appelés à fournir au gouvernement des rapports réguliers où ils dressent les problèmes rencontrés et proposent les solutions qu’ils considèrent comme idoines
Ceux qui focalisent leur analyse sur ce qu’ils appellent la rupture entre le pouvoir central, c’est-à-dire la présidence de la République et la présidence du gouvernement, d’une part, et les structures régionales et locales, d’autre part, ont désormais l’obligation de revoir leur copie et d’adapter leur discours aux nouvelles méthodes de gestion de la chose publique imposées par la nouvelle approche mise en œuvre depuis l’avènement de la dynamique du 25 juillet 2021.
Ainsi, il n’est plus possible de parler de non-synchronisation entre les autorités de l’administration centrale (le Chef du gouvernement, les ministres, les P.D.G. des entreprises publiques, etc.) et celles opérant au niveau régional et local (gouverneurs, directeurs régionaux représentant les différents ministères, délégués et même omdas).
A l’avenir, un responsable régional, quel que soit le degré de responsabilité qu’il est censé assumer, n’a plus le droit d’avancer, pour justifier son refus de prendre les décisions qui lui reviennent de droit, l’excuse d’attendre que lui parviennent les ordres d’en haut, c’est-à-dire des autorités de tutelle du ministère ou de l’entreprise auxquels il appartient.
Pour être encore plus clair, s’il est une conclusion à tirer des visites-surprise effectuées ces derniers jours par le Président de la République, Kaïs Saïed, et par certains ministres (ministres du Transport et de l’Agriculture) dans certaines régions ou entreprises publiques, c’est bien celle de voir les responsables régionaux assumer leurs responsabilités et ne plus attendre les visites du Chef de l’Etat ou des ministres pour découvrir, comme tout le monde, les dysfonctionnements, les dépassements et les dérives enregistrés depuis des années dans les entreprises et domaines de l’Etat (Henchir Chaâl, Domaine d’Enfidha) sans que personne ne tire la sonnette d’alarme et de prendre son courage à deux mains, pour pointer les réfractaires et alerter les autorités judiciaires de la région afin qu’elles prennent les décisions requises.
Et le Chef du gouvernement, Kamel Maddouri, de prendre en exemple les directives et les interventions du Président de la République pour interpeller les gouverneurs et les exhorter «à assurer la coordination nécessaire avec les différentes administrations régionales et centrales en vue de veiller à la bonne application des politiques publiques, plus en matière d’exécution, dans les délais prescrits et dans le respect des crédits arrêtés à l’avance, des projets de développement publics et privés».
Une circulaire qui tombe à point nommé
Mardi 12 novembre, la présidence de la République a publié une circulaire à l’intention des gouverneurs (voir l’article de notre confrère Nizar Hajbi dans notre édition du mercredi 13 novembre) où elle insiste sur «le renforcement du rôle des institutions régionales de l’exécutif».
Dans la circulaire de la Présidence du gouvernement, il est clairement indiqué qu’il est temps pour les institutions régionales, à leur tête les gouverneurs, de participer, voire de conduire le processus «de relance du développement régional et local dans les différents districts du pays et d’assurer le suivi des services publics».
La circulaire en question intervient dans un contexte particulier marqué notamment par plusieurs interrogations ou questions que se posent beaucoup de Tunisiens, dont, faut-il avoir le courage de le reconnaître, plusieurs membres du Conseil national des régions et des districts (Cnrd) ne savent pas encore de quelles compétences ils disposent.
En effet, la circulaire met un terme à la polémique concernant le rôle et les pouvoirs confiés aux membres du Cnrd, plus particulièrement leurs rapports avec les gouverneurs et les délégués, sans oublier les commissaires régionaux à l’agriculture, à l’éducation, à l’équipement, etc.
Et à lire attentivement les recommandations contenues dans la circulaire de la Présidence du gouvernement, l’on découvre que rien n’a été laissé au hasard. Outre le suivi de l’exécution et l’évaluation régulière des différentes étapes de mise en œuvre des projets publics de développement, les gouverneurs seront tenus de «fournir des rapports quotidiens au gouvernement sur l’approvisionnement de leurs régions en produits de base».
De plus, ils auront l’obligation d’informer mensuellement le gouvernement «sur les difficultés d’exécution que rencontrent les projets publics et privés dans leurs régions». Les gouverneurs ne se limiteront plus à informer sur les entraves à l’exécution des projets en question. Le Chef du gouvernement les appelle à proposer les solutions à même de lever ces entraves, étant au fait, de par leurs fonctions de premiers responsables, de toutes les réalités dans les régions où ils sont désignés.